Eli[ot]tisme

Elle raconte n'importe quoi.


Elle se rappelle de ses yeux, de son regard profond, de sa façon de se mouvoir . C'est ridicule, elle pourrait le dessiner de mémoire. 

Elle aime sa bouche, ses morsures et ses baisers. Tout autant delectable que douloureux. chacun des deux.

Elle aime ses mains, accessoirisées. Ou non. Contre sa peau, ou dans ses cheveux, qui se serrent ou qui caresse. 

Alors elle se tourne sur son lit, contemple le plafond immaculé, et marmonne deux trois conneries. L'amour, c'est pour les pucelles. Celles qui ne connaissent rien, qui n'ont pas peur de ce qui ne les a pas encore blessées. 

Le sexe c'est pour les filles belles. Avec une moche, ca devient sale et honteux. Une belle femme n'est qu'elegance meme dans les actes les plus dégradant.


On l'appelle Dignité. Elle se serait plutot nommée Fierté Mal-Placée. 

Ca lui est égal, tout ça , en fin de compte. Elle vit dans son monde, et elle adore ça. Dans sa bulle si haute, et les autres, qui tombent si bas. 


Elle est profonde. Mais pas sa gorge.

Comprenne qui pourra.

Concrètement, le temps la fait sourire. Elle n'a peur de rien. Elle prétend tout vaincre, meme cette douleur au creux des reins. Elle a les yeux noirs, mais lumineux. Parce qu'elle se rends compte que rien n'a d'importance. 

Elle joue avec ses cheveux. Qu'elle trouve hideux. Se murmure des mots doux, tente d'etre son amoureux. Et elle sait que s'aimer, c'est ce dont elle a besoin. De se caler sans ses bras, et s'observer tendrement. Elle aurait pu choisir de stagner, elle a préféré grandir. 

Elle a vu avec horreur, son torse surmonté de deux protubérances agaçantes. Ses hanches s'allonger, pour lui montrer sa déchéance. 

Je ne suis plus une enfant, crie son corps décharné. Dans sa maigreur, elle a exacerbé sa féminité. Elle a pris du poids alors, en esperant voir les courbes s'aplatir.

Mais à quoi bon se mentir? C'est une jeune fille en fleur. 

Dans son combat contre le temps, elle a merité les honneurs. Elle a repoussé l'instant fatidique, des années durant. Elle a contemplé ses jambes, toujours aussi fines sous ses collants. Sa poitrine plate qui hurlait victoire. Son air enfantin, qui lui allait si bien.

Mais elle ne sait que faire de son corps de femme. Elle creuse, et le creuse pour essayer de comprendre. Son fonctionnement, ses aboutissements.

M'enfin, elle reste une toute petite fille, derrière cette montagne de chair. Et ses deux seins.

Eliott, c'est sans moi. Car c'est moi. 

Je me perds souvent dans ce que je suis, dans ce que je veux, dans ce que je dis. Mon avis n'est jamais tranché.  Il se modifie, fluctue, au fil des années. 

 Eliott, il y a deux ans, était une inconnue. Une fille sans but. Une âme toute nue. 

Mais Eliott est né. Elle se raconte, pour ne pas s'oublier.